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le dauphiné.

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Pierre de Crouy-Chanel aimait Agnès de Sassenage-Véracieu. Ils se marièrent. Hélas ! le lendemain des noces, la belle épousée, tombant de sa mule, en trépassait. Pierre, désespéré, part pour la Terre-Sainte. Durant cinq années, il combat contre les Infidèles. Enfin il revient, rappelé par sa mère mourante, et dès lors ne quitte plus la tour. Le soir venu, ses archers le rencontrent, immobile sur la terrasse, inconsolable, l’œil vers le ciel, tâchant d’y découvrir l’ombre de la perdue. Et le ciel finit par récompenser sa constance. La morte revient ; chaque hiver, elle reviendra, souvenir des deux journées qu’elle passa au manoir.

Allevard. — Le Casino.

Et les grottes de la Jeannote ? La jeune fille qui osera y pénétrer périra infailliblement au bout de dix mois, si elle ne se marie point avant ce terme.

Et le Grand Charnier ? la roche sur laquelle les Sarrasins furent exterminés par Isaac, évêque de Grenoble. Par les nuits d’orage, leurs squelettes enlinceulés errent sur les glaciers…

Et enfin la légende du château de la Roche.

Le maître de ce château n’avait qu’une fille, appelée Hermance, à laquelle il légua en mourant tous ses biens. Hermance était belle, mais avait l’âme dure et orgueilleuse. Quand les vieux serviteurs de son père la prièrent de se choisir un époux, elle les conduisit au-dessus d’un abîme, au sommet d’une pointe escarpée, où l’homme le plus brave ne posait le pied qu’en tremblant, et elle leur dit : « Si quelqu’un songe à m’épouser, il faut qu’il gravisse à cheval cette cime, et j’en jure par tout ce qu’il y a de