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le dauphiné.

l’ajustement d’un corset. Coquetterie qui lui coûte cher : la malheureuse, pour avoir voulu fleureter avec les ponts et chaussées, chemine maintenant, timide et pudique, et triste sous l’échevelis de ses saules, dans un canal fait sur mesure par un ingénieur très distingué.

Les collines se joignent presque ; lacs et bois, villages et châteaux, ceinturent ces collines — les châteaux surtout — et c’est comme une vivante poussière d’histoire montant de leurs murailles croulées.

Bourgoin. — Vieille fontaine, place d’Armes.

Mais il manquerait quelque chose à tout cela qui s’épand dans l’abondance des champs, où la moisson se couche, il manquerait quelque chose, si nous n’avions là-bas, escaladant l’horizon, les montagnes du Bugey et de Chambéry, solides forteresses qui nous gardent.

Au détour de la voie, Heyrieux grandit, puis se fixe autour de son parc de Serezin. Une odeur de cuir flotte. Nous sommes dans la capitale de la cordonnerie dauphinoise. Une grande rue où les pan, pan, pan se multiplient… Et pan, pan, pan pour assouplir les formes, et pan, pan, pan pour fixer la semelle.

Ruche bourdonnante. À chaque embrasure de porte ou de fenêtre, la bonne silhouette du maître de céans se montre, la pipe à la bouche, les