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le dauphiné.

Une cellule, une robe de bure, six heures de prières par jour : ce régime était effrayant pour une jeune personne qui connaissait déjà les hussards. Elle s’enfuit, court se réfugier chez son frère, abbé de Vézelay et archidiacre de Sens.

Tous deux s’unissent étroitement, tous deux ont les dents longues, beaucoup d’ambition, peu de scrupules. Ils arriveront.

Dégagée enfin de ses vœux, Claudine de Tencin marche d’amant en amant.

« Elle prend tout d’abord le nécessaire baptême de la mode, passe par Richelieu. De là les soupers du Régent où elle échoue. Elle se rattrape à la littérature, se fait faire (par son neveu d’Argental) un joli conte qui lui fait honneur et lui vaut des protecteurs gens de lettres, Fontenelle, Bolingbroke et autres… » (Michelet.)

El puis viennent le maréchal de Médavi, le chevalier Destouches, père de d’Alembert, et puis le cardinal Dubois.



De Pontcharra à Allevard.
À soixante ans, usé de ses campagnes dans les mauvais lieux de Paris, le voilà amoureux, le compère de Philippe d’Orléans. « Il a trouvé enfin son idéal. Il présente à grand bruit la jeune femme au Palais-Royal, à la Cour, qui rit à mourir. Excellent choix pourtant. C’était évidemment la première pour l’intrigue et la reine comme entremetteuse. » Mais Dubois meurt. M. de la Fresnais, gentilhomme d’occasion qui avait amassé une très grosse fortune en Amérique, prend sa place…

Enfin vient le moment où la liste ne saurait s’allonger davantage. L’heure de la retraite sonne. Mme de Tencin en prend gaiement son parti.

La vie a été pour elle si prodigieusement diverse qu’elle n’a plus rien à en connaître. Apaisée, satisfaite, riche, elle attendra la vieillesse. Plus de complots, plus d’intrigues.

La littérature maintenant l’a reprise ; sa maison est