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le dauphiné.

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Bardoux et ventres-jaunes : ça ne veut pas dire grand chose, ça ne veut même rien dire du tout. Mais c’est euphonique.

L’outrage était sanglant. Les offensés ne voulurent point demeurer en reste. Ils cherchèrent à répondre — sans jamais, hélas ! pouvoir trouver l’équivalent.

Et depuis cette époque, nous sommes tous un peu humiliés à Grenoble. Et nous cherchons toujours…

Les restes de Fallavier.

Nous cherchons encore… quand le train, d’un seul tour de roue, passe la Rize — la Rize aux eaux noires et sales. La plaine dauphinoise, celle de Saint-Fons et de Venissieux, décrit sa circonférence. Peu accueillante, cette plaine, rugueuse, caillouteuse, terre rougeâtre. Dans le fond, des rideaux de collines basses qui la coupent en parallèles ; au premier plan, des routes blanches liserées de haies maigrelettes, couvertes de poussière… Des champs qui se rangent en carrés, à peine interrompus, çà et là, par des fossés bourbeux et des peupliers semés comme des I sur une immense page.

Saint-Priest montre bientôt sa grosse personne de bourg cossu, confortablement assise sur l’échine d’un mamelon. Saint-Priest, un peu intimidé par son château — quelque chose de froid, de compassé, de géométrique, le rêve d’un élève bien sage de l’École des beaux-arts : des lignes droites, ennuyées d’être si droites… oui, mais si distinguées, si aristocrates dans leur mutisme, avec ce petit donjon couronné de mâchicoulis, qui a l’air d’un petit toquet Henri III, posé sur la tête d’une vieille douairière.