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le dauphiné.

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de ses fûts semblent une dentelle de bronze clouée au ciel. Sous la forêt des multitudes de sentiers s’écartent ; la lumière n’y pénètre qu’en de lointaines éclaircies qui découpent de petits ronds d’argent sur les gazons et sur les mousses.

Les minuscules bourriquets, portant les provisions des promeneurs et souvent — ô honte ! les promeneurs eux-mêmes, trottinent menu sur le sol détrempé.

Prémol. — Ruines de l’ancienne Chartreuse.

Hue donc ! à coups répétés de houssine. C’en est un, les quatre jambes raides, refusant d’avancer. Qu’a-t-il vu ? Quelles sont ses idées de derrière les oreilles ? On ne sait pas. Hue donc ! Inutile.

— Ah ! je le connais, allez, fait le guide d’un air quasi admiratif : il porterait l’empereur de Russie que ce serait pareil. Mais des fois, qu’il a peut-être besoin de se soulager, sauf vot’respect, car les bêtes, réservé le baptême, c’est comme les gens.

Et le flattant de la main :

— Allons, mon Pierrot ! allons, mon bijou !

Rien.

— Hue donc ! N. d. D. de charogne !

Rien encore.

À coup sûr, Pierrot a une âme. Mais combien cette âme est loin de nous ! Son regard est fixé sur un point invisible de l’espace, quelque chardon symbolique sans doute.