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le dauphiné.

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À coup sûr les Romains les connaissaient. Lors des fouilles exécutées par le baron d’Haussez, préfet de l’Isère, les ouvriers ramenèrent, à fleur de sol, un aqueduc voûté, enduit à l’intérieur d’une sorte de stuc tellement solide qu’on ne le put enlever qu’en le brisant à coups de masse. Furent trouvés aussi, à la même époque, plusieurs piscines en béton, des fragments de briques portant inscriptions ; enfin, trois statuettes et un hypocauste remarquablement conservé.

Les riches bourgeois de Gratianopolis venaient, sur les bords du Sonnant, se guérir de leurs écrouelles.

Le château d’Uriage.

Mais passa l’invasion des Barbares. Ceux-ci, les rudes Germains, n’avaient point d’écrouelles ; ils ignoraient le lymphatisme et les troubles nerveux des races en décadence. Salles luxueuses pavées de mosaïque, sièges de porphyre et de marbre, plafonds relevés en fresques, piscines, hypocaustes… À quoi tout cela pouvait-il servir ? Le temps était loin où l’empereur Gallien s’ablutionnait sept ou huit fois en vingt-quatre heures ; où Commode, durant des après midi entiers, s’oignait le corps d’huiles et de parfums.

Pour se baigner, maintenant, il n’était besoin que d’un fleuve.

Au feu, les Thermes ! Sous la pioche, piscines et tepidaria ! Et, pendant des siècles, le ruisseau d’Uriage coula dans un marais, inutile, inconnu.

Enfin, vers 1770, on voulut bien s’apercevoir qu’il offrait quelques avantages thérapeutiques. C’était la grande époque des purgatifs et des saignées. On purgea à l’aide de l’eau d’Uriage. Un fermier, nommé Brun, installa un hôtel où quelques malades vinrent, mais si peu ! que le pauvre homme