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le dauphiné.

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Cette gorge n’est pas une gorge, à peine un creux. Un resserrement entre deux lignes de coteaux recouverts de taillis. Sur la gauche de la voie, un ruisselet dont les eaux de gaze se déchirent aux aspérités de leur lit de schistes noirs. Et çà et là, au milieu des bois, une levée de maisons blanches.

Uriage est au bout — au pied d’une colline isolée, au-dessus de laquelle se découpent les cimes de Chamrousse, et plus près, vers la droite, l’immense pelouse des Quatre-Seigneurs.

Uriage-les-Bains et la vallée de Vaulnaveys.

Entre ces remparts naturels, une vallée s’affile : la vallée de Vaulnaveys, en ligne presque droite, au Midi, jusque sur les rives de la Romanche. Vaulnaveys ( de vallis navis ?) presque de la forme d’un navire dont les montagnes de l’est et de l’ouest formeraient la carène, Vizille, la proue, et le château d’Uriage, la poupe.

Le château d’Uriage, l’ancien manoir des Alleman, vieille noblesse datant des Carolingiens. Ce fut, dit-on, l’évêque Isaac qui leur donna l’investiture. Ils se fixèrent tous dans les vallées graisivaudiennes, jusqu’en Lyonnais et en Bresse. Ils se marièrent, furent très prolifiques, trop prolifiques. Partout on trouva de leurs rejetons. Et quels rejetons ! des hommes bardés de fer, casqués d’acier, lance au poing, que les barons dauphinois craignaient « à l’égal de la foudre », tant ils étaient sûrs, à la moindre affaire sérieuse, de les voir battant les murs des forteresses, saccageant et pillant les terres…