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le dauphiné.

Moi aussi, je voulus sourire, risquer une critique. Mal m’en prit. Il me fut répondu que Pont-en-Royans, pays d’aigles, tenait par-dessus tout à son aire ; que si, par malheur, un cataclysme la venait atteindre, on s’en irait, plus loin, la rebâtir, telle quelle — et plus haut encore !

Voilà qui est catégorique. Insister davantage ? Je n’ose.

D’ailleurs, cette situation d’acrobate ne semble pas avoir nui au développement de l’ancienne capitale.

Il y a là un centre industriel important. On tisse la laine, on file le chanvre, on mouline la soie. La culture du mûrier est florissante, et le buis, dont les penchants sont couverts, assure à la bimbeloterie dauphinoise une place honorable.

Royans est fier. A-t-il le droit d’être fier ? Voyons ses lettres de noblesse.

Chorier nous affirme qu’il descend d’un chef lombard, Rhodanus, défait par Mummole en 580.

Va pour Rhodanus, quoique en vérité ?… Enfin, passons sur cette date et suivons les traces vécues de cette seigneurie « qui touchait au comté de Sassenage par les monts de Lans et s’étendait jusque sur les versants du Trièves ».

Ces premiers princes royannais apparaissent à peu près insignifiants. Ils se battent le mieux possible, tuent des sangliers et des loups dans la forêt et laissent aller leur domaine à vau-l’eau.

Mais viennent l’abdication de Humbert II et la remise de la province à
Pont-en-Royans.

La grande rue.
la France. Les Bérenger prennent le pouvoir — et cette fois pour le bien garder. Ils ne le lâcheront plus, deviendront tout-puissants à la Cour : soldats, conseillers d’État, diplomates. L’un d’eux est chargé officiellement par le roi de négocier l’acte aux fins duquel Gènes, fatiguée de sa République, se donne à la Couronne. Le nouvel ambassadeur remplit, paraît-il, à merveille, sa mission. « Il sait se concilier, sans froissements, l’aristocratie et la bourgeoisie, ces deux puissantes rivales dans la cité patricienne et commerçante, et quand il revient en France, il ne reste plus rien à conclure après lui. »