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le dauphiné.



Le Villard-de-Lans.

Et pour ceux qui ne prennent dans l’étude détaillée de l’écorce terrestre que plaisirs restreints, il y a d’autres… éléments de digestion. Aimez-vous mieux l’histoire ? En voilà :

Ce même pays de Lans qui, au xvie siècle, eut « plus que beaucoup à souffrir des guerres » vit aux prises deux ennemis jurés : les barons de Bérenger Sassenage et des Adrets.

Ce dernier devait, paraît-il, à l’autre, un certain nombre de florins et, débiteur peu zélé, toujours faisait la sourde oreille aux dates d’échéance.

Bérenger écrivait, réclamait, menaçait. Les Adrets, très calme, laissait passer l’orage et tenait sa bourse close.

Il fallut employer les moyens violents.

Certain jour que le capitaine huguenot se rendait à Grenoble, au temple des Cordeliers, deux robustes varlets l’empoignent, le jettent dans une barque — et à toutes rames cinglent sur Sassenage.

Arrivés au château, ils ouvrent la grille de la cellule la plus spacieuse, poliment y introduisent le baron. Trois coups de clef, le baron est prisonnier.

C’est à son tour de réclamer, de menacer. Bérenger, très calme, laisse passer l’orage et tient sa porte close.

En vain le roi de France voulut intervenir. Le vainqueur déclara au vaincu que si ses partisans tentaient pour lui la voie des armes, sa tête roulerait au pied des remparts.

Les Adrets paya.

Et ce fut tout ? Non, certes. Attendez la fin. Le sire de Beaumont était homme à prendre sa revanche. Il la prit — complète !