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MARBRE


Comme un temple païen, sur le ciel de l’Attique,
De ses calmes contours découpe la splendeur,
Sur mes rêves d’amant épris de ta blondeur,
Se profile ton corps pur de déesse antique.

De même que le dur marbre du vieux portique,
Rien ne peut entamer ta sereine pudeur ;
Sans te brûler au feu, tu laisses, pleins d’ardeur,
Mes baisers assaillir ta nudité plastique.

Ô Maïa, dans tes flancs la volupté s’endort.
Es-tu femme ou statue ? Un fauve duvet d’or
Au bas du ventre blanc veiné de fines veines,

Foisonne, comme si, le beau temple fini,
De pailles de blé mûr et de folles aveines
Un oiseau sacrilège avait construit son nid.