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credi, à une heure, la voiture du Mont de Piété passait ; nous la guettions et, dès qu’elle apparaissait, nous nous levions, clamant et réclamant : « Ma montre ! ma montre ! » Et, chaque mercredi, nous trouvions cela plus amusant encore que le mercredi précédent, signe d’une conscience tranquille et d’une grande pureté. Parfois George Auriol bondissait dans la rue, enveloppait de sa serviette le chef d’un inoffensif passant et l’amenait, ainsi encapuchonné, au milieu de nous. C’était le temps qu’à la plaza de la rue Pergolèse, il y avait des courses de taureaux. Alors, on expliquait à l’homme que George Auriol était un de nos plus convaincus aficionados, qu’il avait agi sous l’empire de la plus noble passion tauromachique ; et la victime, devant tant de bonne foi, s’excusait. Le soir, nous dînions au fond de la grande salle, sous l’apothéose des chats de Steinlen. Nous avions quelquefois des invités. Un soir, nous