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l’Épopée. Son discours était une mosaïque d’archaïsmes et de néologismes, de formules argotiques et de citations littéraires ; il avait des trouvailles d’expressions, des chocs de mots, des heurts d’idées, des images bouffonnes et de la grandiloquence. Il entrait témérairement dans une phrase ; nous pensions : « Il n’en sortira jamais ! » Il en sortait toujours, ou plutôt, il la traversait comme ces cavaliers de l’Empire premier qui traversaient un bataillon ennemi, avaient deux ou trois chevaux tués sous eux et ressortaient nonobstant à cheval !

Ce qui faisait de Rodolphe Salis un cabaretier pittoresque, c’est qu’il avait le plus grand mépris pour ses clients ; tout en les appelant : « Vos Seigneuries et Vos Altesses Électorales », il ne laissait pas de leur envoyer des brocards que sans broncher ils encaissaient.

C’est surtout le vendredi qui était le jour chic et où le spectateur, pour voir