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crainte. L’apparition de mon sonnet ne produisit pas en moi un bouleversement comparable : il était imprimé sur la dernière page du journal, avant une réclame pour des bretelles ; l’orthographe de mon nom n’était même pas respectée. Bref, je ne fus pas aussi content que je l’avais espéré.

Alors, obscurément, toujours dans l’industrie, je continuais de faire des vers ; je persévérais dans la mauvaise voie et j’en fus bien récompensé.

Deux ans après l’aventure du sonnet, j’étais revenu au Chat Noir, escorté cette fois par de jeunes ingénieurs, hardis alpinistes qui avaient exploré Montmartre et qui me présentèrent à Rodolphe Salis et à Alphonse Allais devenu, par suite de la démission d’Émile Goudeau, rédacteur en chef du journal. Je ne déplus pas à Alphonse Allais et nous devînmes bientôt amis. C’était un long garçon blond, bien bâti, distingué, avec une figure longue et colorée, des mains