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barricade ! Je passais quelquefois devant l’établissement, je voyais le Suisse majestueux avec ses mollets magnifiques et sa hallebarde, je voyais un garçon habillé en Académicien et qui servait des bocks et cette dérision me semblait du meilleur goût. J’entendais des chants, des rires, des cris ; mais comme l’Amaury de Sainte-Beuve, dans Volupté, je n’osais pas entrer dans ce lieu de plaisir. Et je lisais mélancoliquement l’inscription tracée en lettres jaunes sur un rectangle de bois peint en noir, placé près de la porte d’entrée :

« Passant, arrête-toi ! Cet édifice, par la volonté du Destin, sous le protectorat de Jules Grévy, Freycinet et Allain Targé étant archontes, Floquet tétrarque et Gragnon chef des archers, fut consacré aux Muses et à la Joie, sous les auspices du Chat Noir. Passant, sois moderne ! »

Ah ! j’étais à bien des lieues de me douter que, par la volonté du Destin