Page:Donnay - Autour du Chat Noir, 1926.djvu/138

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Pour le moment, l’espoir de la France, complètement ivre, chante des refrains gaillards.


(Petit chœur d’étudiants dans la coulisse. — La musique se précise et accompagne les voix.)


Serrons la vis et serrons-la souvent,
Et envoyons fair’ foutr’ ceux qui n’ sont pas contents (bis).


(Les voix se perdent dans le lointain.)
le récitant

Ceci n’est rien encore. Il fait très froid, la bise siffle. Le bruit de quelques désespérés se jetant négligemment à l’eau n’est pas pour troubler les rêves égoïstes des bourgeois, qui dorment quiets sous leurs chaudes courtepointes.


(On entend des floucs lointains, comme de corps tombant dans la Seine.)

Ceci n’est rien encore. Épaisse la nuit, profond le silence, et désert le quai Malaquais… Voltaire lui-même n’est plus sur son socle.


(À ce moment on voit apparaître Voltaire)

Commençant d’avoir l’onglée à ses pieds de bronze, il est descendu sur la berge et, de long en large, pour se réchauffer, se promène.

Et cependant qu’il se promène, des pensées, dirai-je