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l’a noté fréquemment : où le vrai Parisien s’attendrit, le provincial qui veut être bien parisien blague et fait de l’ironie ; où le vrai Parisien se montre gobeur, le provincial qui veut être bien parisien affiche le scepticisme. Mais il ne faut pas s’en attrister, cela n’est pas tragique. Émile Goudeau racontait lui-même qu’un chanteur de province, débutant à Paris sur l’une de nos grandes scènes lyriques, avait garni son maillot d’une façon par trop virile. « Qu’est-cela ? » dit le directeur en frappant de sa badine le rembourrage exagéré. Le ténor expliqua : — « Nous faisons cela à Toulouse pour impressionner les dames. » — « Oh, mon ami… repartit le directeur, trop pour Paris ! trop pour Paris ! » — Mais cela se passait il y a une trentaine d’années ; aujourd’hui il n’y a plus de province, du moins il y en a moins. Revenons : Émile Goudeau avait du génie ; seulement comme celle du duc Soulografiesky, sa soif était de Danaïde ;