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certainement un autre langage que le sien, et même on utilisera les paroles qu’il a prononcées en les détournant de leur sens vrai.

Ainsi voyez comment on a traité cette individualité puissante, Marx, en l’honneur duquel des fanatisés, par centaines de mille, lèvent les bras au ciel, se promettant d’observer religieusement sa doctrine ! Tout un parti, toute une armée ayant plusieurs dizaines de députés au Parlement germanique, n’interprètent-ils pas maintenant cette doctrine marxiste précisément en un sens contraire de la pensée du maître ? Il déclara que le pouvoir économique détermine la forme politique des sociétés, et l’on affirme maintenant en son nom que le pouvoir économique dépendra d’une majorité de parti dans les Assemblées politiques. Il proclama que « l’État, pour abolir le paupérisme, doit s’abolir lui-même, car l’essence du mal gît dans l’existence même de l’État ! » Et l’on se met dévotement à son ombre pour conquérir et diriger l’État ! Certes, si la politique de Marx doit triompher, ce sera, comme la religion du Christ, à la condition que le maître, adoré en apparence, soit renié dans la pratique des choses.