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un poids de 32 fois celui de la pièce de 20 fr. Une pièce de 20 fr. pèse 6 gr. 7, donc quatre pièces de 5 fr. devraient avoir un poids de 32 × 6 gr. 7 = 214 gr. 4. Si elles pèsent moins, il est évident que l’État nous vole. Or, une pièce de 5 fr. pesant 25 gr., quatre pèsent 4 × 25 gr. = 100 gr. ; donc sur 20 fr. l’État vole à ses citoyens 114 gr. 4 d’argent, soit plus de 20 fr. En d’autres mots : pour la même pièce d’or de 20 fr. que la Banque nationale me paie quatre pièces d’argent de 5 fr., je devrais recevoir huit pièces de 5 fr. + 2 fr. 50. On voit donc quels sont les véritables faux monnayeurs. Mais c’est un monopole de l’État que la fabrication de la fausse monnaie. Si un particulier fait la même chose, il ira à la prison, cela reste un privilège d’État.

Un jour, je vis une jolie caricature. Elle représentait le ministre de la justice derrière une table verte. Deux agents de police introduisent un monsieur très bien habillé, porteur d’un chapeau cylindre et d’une canne, qui se démène comme un diablotin entre les mains des policiers. C’est le ministre des finances, M. Pierson, ex-président de la Banque des Pays-Bas.

Le monsieur : Laissez-moi, je suis comme qui dirait le représentant de l’État des Pays-Bas.

L’agent : Fadaises ! Ce sournois est à la tête d’un complot, ils mettent en circulation des florins qui ne valent que 47 cents et demi ! (Un florin = 2 fr. = 100 cents.)

Les gouvernements donnent donc l’exemple du faux monnayage. En Amérique, il y a des dollars d’argent en grande quantité, mais en Chine et au Japon on s’en sert également comme monnaie. Plus le prix de l’argent s’abaisse, plus on perd en recevant des dollars d’argent. Il fallait donc se débarrasser le plus possible de tous ces dollars et de tout cet argent.

Que faire ? La Chine et le Japon ont des dollars en quantité suffisante pour les affaires courantes. Seulement, lorsqu’il se passerait quelque chose d’extraordinaire, ils auraient besoin de plus. Donc les banquiers se mirent à l’œuvre. Des agents américains et européens furent envoyés aux deux pays — non pas