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Si je ne me trompe, nous avons devant nous une période de réaction. Rome est plus puissante que jamais, surtout par les capitaux dont elle dispose et par une bande de prêtres sur lesquels elle peut compter : perinde ac cadaver ! Église et armée marchent de front et le capitalisme proclamera plutôt le pape chef du monde que de donner au peuple ses droits. Le bourgeois, qui, soi-disant, déteste la guerre, veut des gouvernements forts, pour tenir dans une obéissance aveugle les masses des ouvriers, et des parlements pour donner une sanction apparente à leurs actes. Ils ferment les yeux sur la situation économique déplorable, fous qu’ils sont ! Ils déclarent détester la guerre et ils font tout pour conserver ce qui provoque la guerre ; ils méprisent le but et cultivent les moyens qui, par une nécessité inéluctable, conduisent à ce but !

La réaction, c’est le parti de l’autorité qui s’étend de Rome jusqu’à la social-démocratie, du pape jusqu’à Marx, une masse réactionnaire contre les anarchistes et tout comme Louis Blanc, le vieux socialiste, qui vota avec toute la bande cléricale pour déclarer que Thiers, Mac-Mahon, Galliffet avaient bien mérité de la patrie pour avoir étouffé la Commune dans le sang de ses combattants, nous voyons à présent les social-démocrates faire cause commune avec les assassins de la Commune, l’un en déclarant qu’en 1871 les Parisiens auraient mieux fait de rester à dormir (Vollmar), l’autre en allant siéger dans un ministère avec un des pires assassins et de fraterniser ainsi avec lui (Millerand).

L’autorité ne peut rester debout sans le militarisme, sans les moyens de se maintenir par la force contre quiconque s’oppose à elle. Nous autres anarchistes, ne pouvons donc compter que sur nous-mêmes et sur les socialistes révolutionnaires et libertaires.

Et, à présent, quelle doit être notre attitude envers le militarisme ?

Voilà la question principale qu’il faut bien envisager. Avec des phrases et des déclarations platoniques par lesquelles nous mettons les classes dirigeantes