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puiſſe nous indiquer leur aproche, & ſans que nous ayons le tems de nous ſouſtraire au peril 9.1. Les animaux, même les moins intelligens, ont sur nous l’avantage d’avoir le preſſentiment de ces fatals evénemens ; leur instinct, ou leur ſens plus délicats, par des impreſſions dont nous n’avons pas l’idée, les en avertiſſent quelques momens avant, & ils annoncent alors par leurs cris & leur impatience, leurs inquietudes & leur crainte 9.2. Un pareil avantage ſuffiroit-il toujours a l’homme pour le mettre en ſureté ? Non. la fuite la plus prompte, le batiment le plus ſolide 9.3, la baraque de bois la plus legére

& la



9.1. La ſecouſſe deſtructive du 5. Fevrier, fut ſubite, inſtantanée ; rien ne la préſagea, rien ne l’annonça ; elle ébranla & renverſa dans le même moment, elle ne laiſſa pas le tems de la fuite.

9.2. Le preſſentiment des animaux, a l’approche des tremblemens de terre, est un phénoméne ſingulier, & qui doit d’autant plus nous ſurprendre, que nous ne ſavons pas, par quel ſens ils le reçoivent. Toutes les eſpèces l’éprouvent, ſurtout les chiens, les oyes & les oiseaux de baſſecour. Les heurlemens des chiens dans les rues de Meſſine, étoient ſi forts, qu’on ordonna de les tuer. Pendant les éclypſes de ſoleil, les animaux témoignent une inquiétude presque pareille ; au moment de l’éclypſe ſolaire & anullaire de 1764, les animaux domeſtiques parurent agités & jetterent des grands cris pendant une partie du tems qu’elle dura ; cependant elle ne diminua pas plus la lumiere du ſoleil, que ne l’auroit fait un nuage noir & épais, qui l’auroit entierement couvert : la difference de la chaleur de l’athmoſphére ne fut presque pas ſenſible. Quelle impreſſion donc put alors avertir les animaux de la nature du corps qui s’interpoſoit devant le ſoleil ? Comment purent-ils deviner, que ce n’étoit pas le même état des choſes, que lorſque le ſoleil eſt ſimplement obſcurci par un nuage, qui intercepte ſa lumière ?

9.3. On peut attribuer une partie des malheurs de Meſſine au peu de ſolidité des bâtimens ; la ruine de cette ville étoit pre-

parée