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quelle est dans la nature la puissance capable de produire de pareils effets ? J’exclue l’électricité, qui ne peut pas s’accumuler, conſtament pendant un an de ſuite, dans un païs environné d’eau, ou tout concourt a mettre ce fluide en équilibre. Il me reste le feu. Cet élément, en agiſsant directement ſur les ſolides, ne fait que les dilater, & alors leur expanſion eſt progreſſive & ne peut pas produire des mouvemens violents & inſtantanés. Lorſque le feu agit ſur les fluides comme l’air & l’eau, il leur donne une expanſion étonnante, & nous ſavons que pour lors leur ſorce d’élaſticité eſt capable de ſurmonter les plus grandes reſiſtances. Ils paroiſsent les ſeuls moyens que la nature ait pû employer pour produire de pareils effets. Mais dans toute la Calabre, il n’y a pas veſtiges de volcans. Rien n’annonce ni inflamation interieure, ni feu recelé dans le centre des montagnes ou ſous leur baſe, feu qui ne pourroit exiſter ſans quelques ſignes exterieurs. Les vapeurs dilatées, l’air rareſié par une chaleur toujours active ſe ſeroient échapées, a travers quelques unes des crevaſses & des fentes qui ſe ſont formées dans le ſol, elles y auroient produit des courans. La flame & la fumée ſeroient également ſorties par quelques uns de ces eſpeces d’évents. Une fois les paſsages ouverts, la compression auroit ceſsé, la force n’éprouvant plus de reſiſtance ſeroit devenue ſans effet, & les tremblemens de terre n’aurroient pas continué auſſi longtems ; aucun de ces phénoménes n’a eu lieu, il faut donc renoncer a la ſuppoſition d’une inflamation qui agiroit directement ſous la Calabre. Voyons ſi en ayant recours a
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