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du leurs effets beaucoup plus loin. On auroit reſſenti a Meſſine une violente fluctuation, ſi la mer eut partagé l’ébranlement de la terre. Le mole qui est a fleur d’eau, & aupres du quel ſont liés les vaiſſeaux dont la proüe avance au deſſus, auroit été couvert & les vaiſſeaux portés par les flots auroient échoué. On aurroit éprouvé le même effet dans le golphe de Palma, qui eſt au deſſus de Scilla, on l’auroit reſsenti ſur la plage de Tropea ; mais nulle part ſur toute cette côte, la mer ne s’éleva au deſſus de ſes bords. Ce qui prouve encore mieux que l’inondation de Scilla n’eſt qu’un accident particulier, dépendant de la cauſe que j’ai cité, c’eſt que derriere le rivage contre lequel les eaux monterent avec tant de violence, il y a une petite anſe dans la quelle la mer ne s’éleva point, par ce qu’elle n’étoit pas dans la direction de l’ondulation.

Quelques questions que j’aye pu faire, je n’ai pu trouver dans tous les détails qu’on ma donné, aucun indice des phénoménes d’électricité rapportés dans différentes relations, aucune étincelle, aucun dégagement de fluide électrique, que les phyſiciens Napolitains veulent abſolument être la cauſe de ces tremblemens de terre.

L’état de l’athmoſphére ne fut par le même dans toute l’étendue du déſaſtre. Pendant que les tempêtes & la pluïe parroiſſoient avoir conjuré, conjointement avec les tremblemens de terre, la perte de Meſſine ; l’interieur de la Calabre jouiſſoit d’un assez beau tems. Il y eut un peu de pluïe dans la plaine le matin du jour funeſte ; mais le tems fut
ſerein