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Les tremblemens de terre continuerent pendant toute l’année 1783. j’en ai reſſenti encore pluſieurs, dans les mois de Fevrier & de Mars 1784. Mais aucune des ſecouſſes ne peut ſe comparer aux trois qui forment époque, ni même a celles qui les ſuivirent immediatement ; aucune ne fut ſuivie d’accidens dignes d’être cités.

La mer pendant les tremblemens de terre de 1783. eut peu de part a l’ébranlement du Continent. La maſſe des eaux n’eut point de mouvement général de fluctuation ou d’oſcillation. Elles ne s’éleverent pas au deſſus de leur limites ordinaires. Les flots qui la nuit du 5. Fevrier, vinrent frapper contre le rivage de Scilla, & qui enſuite furent couvrir la pointe du Phar de Meſſine, ne furent que les effets d’une cauſe particuliere. La chute d’une montagne dans la mer, comme je l’ai déja dit, ſouleva les eaux, qui reçurent un mouvement d’ondulation, tel qu’il ſuccede toujours dans pareilles circonſtances. Le rivage fut couvert a trois differentes repriſes ; tout ce qui étoit deſſus fut entraîné par le retour de la vague. L’ondulation s’étendit depuis la pointe de la Sicile juſqu’au dela du cap de Rosacolmo, en prolongeant la coſte qui court au Sud, mais en s’y élevant toujours graduellement moins haut qu’a Scilla. Ce ſoulévement des ſlots ſuivit immediatement la chute de la montagne. Si c’eut été un mouvement général dans la maſſe des eaux, ſi ces vagues euſſent eu une même cauſe que celle qui vint fondre ſur cadix lors du tremblement de terre de Lisbonne ; elles auroient eu une marche differente & auroient éten-
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