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ſix de large, comprise entre le fleuve Metramo, les montagnes & la mer, il n’eſt pas reſté un seul édiſice entier ; on pourroit même dire, qu’il n’y a pas pierre sur pierre, qu’il n’y a pas un arpent de terre qui n’ait changé de forme ou de poſition, ou qui n’ait souffert des domages conſiderables.

Pendant que la plaine étoit devouée a une deſtruction totale, les lieux circonvoiſins, bâtis sur des hauteurs, & établis sur des bases solides, échaperent a une pareille dévaſtation. L’ébranlement fut conſiderable ; il y eut beaucoup d’édifces endomagés. Mais ſi cette secouſse du 5. Fevrier eut été seule, qu’elle n’eut pas été suivie de toutes celles qui se succedérent pendant ſix mois presque sans interruption ; aucune des Villes superieures n’auroit été rendue inhabitable. Il paroiſsoit, que la force qui avoit secoué dans tous les sens les terreins bas de la plaine, ne ſut pas aſsez conſiderable pour soulever un poids plus grand, tel que celui, des montagnes qui en formoient le quadre. ainſi Nicotera, Tropea, Monteleone, Villes bâties ſur la montagne du cap Vaticano , ou sur son prolongement, les bourgs & les villages de leur territoire ne souffrirent presque point. Leur ruine étoit reservée a une force majeure, a celle qui ébranla le corps même de ces montagnes le 18. Mars suivant. Le bourg de saint Georges, a 4. milles seulement de diſtance de Polistena, comme nous l’avons deja dit, mais placé sur la montagne, fut pour lors peu endomagé. Les bourgs & les villages ſitués sur la croupe de la montagne qui fait face a Meſſine, & la petite ville de Scilla elle même, n’éprouverent
pas