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en bas les materiaux avant les hommes, de maniere que plufieurs de ceux ci éviterent d’être enterrés ou écraſés par les ruines. Quelques uns tomberent droits ſur leurs pieds, & marcherent dans l’inſtant & ſolidement ſur ces monceaux de débris. Quelques autres furent enterrés juſqu’aux cuiſſes ou a la poitrine, & ſe dégagerent enſuite avec un peu de ſecours. Une troiſieme partie de la Ville, en ſ’écroulant, remplit de ſes ruines un petit vallon, qui étoit a peu pres dans le centre & ou il y avoit une fontaine & des jardins. Jamais terrein n’a éprouvé un boulverſement plus grand que celui ou étoit cette malheureuſe Ville ; jamais, il n’y a eu deſtruction, avec des circonſtances plus ſingulieres & plus variées. On ne reconnoit plus la poſition d’aucune maiſon ; la face du ſol a abſolument changé, & il eſt impoſſible de deviner, par les débris qui en exiſtent, ce qu’étoit anciennement cette Ville. Le terrein a manqué partout, tout a été boulverſé. Ce qui étoit haut s’eſt abaiſſé ; ce qui étoit bas paroit s’être élevé, a raiſon de l’affaiſſement de ce qui l’environnoit. Car il n’y a point eu de ſoulêvement réel, comme quelques uns l’ont prétendus. Un puits revêtu en pierres maçonnées, dans le couvent des Auguſtains, paroit être ſorti de terre, & reſſemble maintenant a une petite tour, de huit a neuf pieds de hauteur, un peu inclinée. Cet effet s’eft produit par l’affaiſſement du terrein ſabloneux dans lequel le puits étoit creuſé.

Les éboulemens de la Ville, ceux des coteaux opoſés ont fermé le paſſage aux eaux de la petite rivière soli d’un coté, & a ceux d’une fontaine abondante, qui couloit dans le fond de la gorge opoſée,
& ont