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& tarirent enſuite. Ces phénoménes ſont tous l’effet du taſſement, Toutes les ſources ont leur reſervoir interieur ; beaucoup de cavités ſouterraines ſont pleines d’eaux croupiſſantes, qui y acquierent un gout & une odeur d’hépar, ſoit par la putréfaction, ſoit par la décompoſition des pyrites. Si par le reſerrement du ſol, ou par la chute de quelques corps ſuperieurs, les reſervoirs diminuent de capacité, il faut que les eaux s’échapent ; elles s’élancent avec d’autant plus de force que la compreſſion laterale eſt plus violente, & elles entrainent avec elles les corps qui leur ſont mélés. Cette augmentation des ſources eſt encore une cauſe de l’acroiſement des rivieres. Perſonne n’a pu me dire d’une maniere préciſe, ſi les eaux hépathiques, qui coulerent pour lors, étoient froides ou chaudes. Celles que j’ai vû & qui ſe mêlent encore maintenant avec les eaux du fleuve Vacari pres Polistena, & celles du fleuve Tricucio pres opido ſont froides. Le phénoméne des eaux jailliſſantes eſt particulier a la premiere ſecouſſe ; il n’a point eu lieu dans les autres, par ce que le ſol avoit pris toute la denſité & le reſſerrement qu’il pouvoit recevoir.

D’ailleurs dans tout le pays que j’ai parcouru, malgré les recherches les plus exactes, je n’ai trouvé, ni indices, ny témoignages, qui m’indiquaſſent un dégagement ou des courans de vapeurs ſouterraines, point de veſtiges de feu ou de flame. Tous les faits dans ce genre rapportés dans beaucoup de relations ſont contredits par le témoignage même de ceux qui y ſont cités. Il eſt facile de faire dire tout ce qu’on deſire, par des paifans encore remplis de terreur, &
qui