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trouvés, les uns deſſus les arbres, les autres a leurs pieds travaillant le ſol, ont été ainſi voiturés, pendant pluſieus milles, ſans recevoir aucun mal. On m’en a cité pluſieurs exemples qui font conſignés dans les relations.

Les effets des éboulemens ont été d’étrangler ou de combler les vallées par la rencontre & la reunion des bords opoſés, de maniere a obſtruer le paſſage des eaux & a former un grand nombre de lacſ ; d’aplanir des terreins coupés par des gorges ; de tranſporter ſur les poſſeſſions des uns, les heritages des autres ; de couper les communications, & de donner a tout le pays une face nouvelle.

Les autres phénoménes, produits par la premiere ſecouſſe & dépendants d’une même cauſe, furent la ſuſpenſion dans le cours des eaux, le déſechement inſtantané de quelques rivieres & leur accroiſſement, le moment d’apres. L’explication de ces faits ſe déduit facilement des ſoubreſauts violents de bas en haut, qu’éprouvoit alors la terre. Le centre de la plaine étoit ſoulevé, la pente des eaux inferieures étoit augmentée & elles coulloient avec plus de rapidité. Les eaux ſuperieures, retenues par une eſpece de digue, reſtoient en ſtagnation ; mais l’effet ceſſé, les niveaux ſe rétabliſſoient, & les eaux un peu accumulées couloient troubles. On vit, dans pluſieurs endroits, des eaux jailliſſantes qui s’éleverent a pluſieurs pieds de hauteurs & qui portoient avec elles du ſable & du limon. Les ſources furent toutes plus abondantes. Quelques eaux ſulphureuſes & hépatiques parurent, pendant quelques jours,
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