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d’aſſez grands eſpaces en conſervant leur forme & leur poſition ; & après avoir donné le ſpectacle de montagnes en mouvement, ils ſont reſtés au milieu des vallées. Il eſt eſſentiel de faire remarquer, que le terrein ſabloneux de la plaine ne formant pas une maſſe dont les parties fuſſent liées enſemble, étoit mauvais propagateur du mouvement ; de manière que la partie inférieure en recevoit plus qu’elle n’en tranſmettoit aux ſurfaces. Cela a fait que les éboulemens ont preſque toujours commencé par le bas ; & que les baſes manquans & s’échapans a la manière des fluides de deſſous les corps qu’elles ſoutenoient, ces corps ſe ſont affaiſſès, & detachés en très grandes maſſes, des terreins dont ils formoient continuité. Les ſurfaces des terreins étant fortement liés pas l’entrelaſſement des racines des arbres, & par l’épaiſſeur & la tenacité de la couche de terre végétale, & argilleuſe, il n’eſt point ſingulier que beaucoup de ces terreins ſe ſoyent conſervés preſque entiers, malgré les chutes, les chocs violens & les longs trajets qu’ils ont fait. Mais ſuivons les effets de la ſecouſſe du 5. Fevrier.

Lorſque l’éboulement a commencé par la partie ſupérieure de l’eſcarpement, & lorſque les ſurfaces des terreins ſe ſont briſés en fragments, qui ſe detachoient, a meſure que la baſe manquoit ; le bouleverſement a été total. Les arbres, a moitié enterrés, préſentent leurs racines ou leurs têtes, & ſi les matériaux & les charpentes des maiſons détruites, ſe ſont mêlés avec ces débris de montagne, on ne reconnoit plus rien de ce qui étoit ; & le tout ne preſente que l’image du chaos.

Il