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de l’automne 1663 jusqu’à l’automne 1664 au départ des vaisseaux du Canada.


La seigneurie du Montréal ayant été donné par Messieurs de cette compagnie à Messieurs du Séminaire de St. Sulpice, ils en ont pris possession cette année ; ce qui leur donna de l’exercice bientôt après et pour commencer, sans considération de l’autorité du roi qui avait donné une justice à cette seigneurie avec droit de ne ressortir par appel que devant une cour souveraine, on trouvai propos de ne lui pas même souffrir la moindre ombre de justice aussitôt que Messieurs de la compagnie du Montréal le lui auraient remise. Il est vrai que cette insulte est assez grande et qu’il est assez inouï de voir telles entreprises sans fondement, ni pouvoir ; c’était moins bien reconnaître 6 ou 7 cent mille livres de dépenses faites par les seigneurs de Montréal pour le soutien de ce pays où ils ont tant perdu de monde et où il n’y aura d’ici à longtemps que de la dépense à faire. Mais n’importe, Mrs. du Séminaire se consolent fort de cet affront en ce qui leur était cette justice extérieure qui regarde le barreau, 011 leur a donné lieu d’annoblir et d’accroitre celle qui est intérieure et qui regarde le ciel, au reste Mr. Tallon trop équitable pour souffrir de telles injustices a rétabli les seigneuries de ce lieu dans leur droit et a fait évanonir un certain fantôme de justice qui a régné quelque peu de temps se couvrant du beau manteau de Justice Royale contre tout droit et raison. Pour ce qui regarde la guerre, 011 a bien eu de la peine cette année, aussi bien que les autres ; il fallait toujours être ici sur ses gardes ; de tous côtés, on était en crainte à cause des embuscades, même si on voulait faire savoir des nouvelles à Quebec ou aux Trois-Rivières de quelque chose important la guerre, il fallait chercher les meilleurs canoteurs, les faire partir de nuit, et après, avec une diligence qu’aujourd’hui on ne voudrait pas croire, ils tâchaient de se rendre au lieu déterminé, et d’éviter par leur vitesse la rencontre des ennemis ; Mr. Lébert un des plus riches et honnêtes marchands qu’il y eut ici et même dans tout le Canada, a rendu ici de grands services à la Colonie, pour laquelle il s’est souvent exposé pour donner ses avis, soit en canot, soit sur les glaces, ou à travers les bois ; ce n’est pas là l’unique service qu’il ait rendu en ce lieu, d’autant que s’il a eu l’esprit de faire sa fortune par son commerce et en même temps beaucoup servir le public dans la manière aisée et commode en laquelle il l’a fait touchant les faits de guerre. Je rapporterai ici deux coups faits par les Iroquois, afin de faire voir les peines et les hasards où l’on était ici alors ; puisque à