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avons marqué, au milieu des coups, l’ennemi prit cœur et fit l’escalade dont nous parlons, que si cet étranger avait eu le courage d’un pigeon Français qui était son compagnon de service, lequel avait la moitié moins de corps et d’apparence que lui, M. le major serait peut-être aujourd’hui encore en vie, car ce pigeon fit merveille et s’exposa si avant que s’il n’eut eu de bonnes ailes pour s’en revenir, il était perdu lui-même et ne fut jamais revenu à la, charge ; au reste, si ce brave M. Closso, major de ce lieu, mourut en cette rencontre, il mourut en brave soldat de J.-C. et de notre monarque, après avoir mille fois exposé sa vie fort généreusement, sans craindre de la perdre en de semblables occasions, ce qu’il fit bien voir à quelques-uns qui lui disaient peu avant sa mort : “ Qu’il se ferait tuer vu la facilité avec laquelle il s’exposait partout pour le service du pays.” A quoi il répondit : “ Messieurs, je ne suis venu ici qu’afin d’y mourir pour Dieu en le servant dans la profession des armes, si je n’y croyais pas mourir, je quitterais le pays pour aller servir contre le Turc et n’être pas privé de cette gloire.” Quelque temps après ce désastre, il arriva un trouble assez grand pour un certain personnage dont le pays a été délivré depuis. Cet homme, par ses menées secrètes et ses discours pestilentiels qui n’épargnaient personne, eut allumé un grand feu si Dieu ne l’eut éteint par sa miséricorde comme il fit. Le 6 de mai il se fit un beau combat à Ste. Marie, maison du séminaire, laquelle a toujours expérimenté la singulière protection de sa bonne patronne qui lui a toujours conservé ses gens sans mort ni blessure, quoiqu’ils aient souvent été attaqués et qu’ils aient toujours passés pour gens de cœur appréhendés par les Iroquois, mais voyons cette action dont je parle : Les Sieurs Rouillé, Touchante et Langevin étant resté les derniers sur les lieux au travail, tous les autres domestiques de Ste. Marie s’en étant déjà retournés, hormis le nommé Soldat, sentinelle, lorsqu’il venait dans un méchant trou nommé Redoute où il faisait des châteaux en Espagne ; dans ce temps, 50 Iroquois qui avaient passé le jour dans les frodoches, éloignés d’une bonne portée de fusil, quelque peu davantage, se levèrent et vinrent tout doucement sur ces quatre derniers hommes afin de les surprendre, lier et emmener prisonniers, mais par bonheur, quelqu’un d’eux ayant levé la tête, il s’écria : “Aux armes ! voici les ennemis sur nous à ce bruit chacun sauta sur son fusil et l’esprit de la sentinelle se réveilla pour s’enfuir, les Iroquois voyant n’avoir pas réussi dans cette entreprise, jettèrent leur collier et firent une salve de 50 coups de fusil à brule-pourpoint, les 3 Français qui étaient dans le champ s’encoururentt à la redoute, d’où le soldat s’enfuyant, M. Trudeau, grand, fort et résolu garçon,