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général qui fut le dernier à leurs amis, ensuite de quoi les voilà embarqués tout de nouveau, étant remplis de cœur mais étant peu nombreux peu habiles au canotage ce qui leur donna beaucoup de peines, même on a su par les hommes auxquels ils l’ont dit, qu’ils furent 8 jours arrêtés au bout de cette Isle par un petit rapide qui y est. Enfin le cœur les fit surmonter de ce que leur peu d’expérience ne leur avait pas acquis, si bien qu’ils arrivèrent au pied du Long Sault, où trouvant un petit fort sauvage, nullement flanqué entouré de méchants pieux qui ne valaient rien, commandé par un coteau voisin, ils se mirent dedans n’ayant pas mieux ; là bien moins placés que dans une des moindres maisons villageoises de France, Daulac attendoit les Troquois comme dans un passage infaillible au retour de leurs chasses, il ne fut pas longtemps seul en ce lieu, d’autant que Honontaha et Métiumgué, l’un Huron, l’autre Algonquin eurent un défi aux Trois-Rivières pour le courage et se donnèrent pour cela rendez-vous au Montréal, comme au lieu d’honneur, afin de voir en ce lieu où les combats sont fréquents, lequel aurait plus de bravoure ; ce défi fait, Métimnègue vint lui 4e de sa nation, et Honontaha lui quarantième de la sienne au Montréal. D’abord qu’ils furent ici, les Français dont le principal défaut est de trop parler lui dirent que nous avions des Français en guerre d’un tel côté ; eux jaloux de se voir prévenus et étonnés de la hardiesse de ce petit nombre, demandèrent un billet à Mr. de Maison-Neufve pour porter à Daulac, afin qu’il leur fit grâce de les recevoir dans son parti pour faire ensuite tous ensemble quelques grandes entreprises ; Mr. de Maisonneuve fit tout ce qu’il put pour les empêcher, car il aimait mieux moins de gens et tous braves, qu’une telle marchandise mêlée en plus grande abondance, il se rendit néanmoins en quelque façon à leur importunité ; mettant le Sieur Daulac par les lettres qu’il lui écrivit à son option de le recevoir sans l’y engager toutefois, l’assurant an surplus qu’il ne s’assura pas sur ses gens là, mais qu’il agit comme s’il n’y eut que les seuls Français ; Les sauvages l’ayant joint, ils demeurèrent tous ensemble dans le lieu que nous avons dit pour attendre les Iroquois où enfin après quelque temps nos Français qui allaient à la découverte, virent descendre deux canots ennemis, l’avis en ayant été donné, nos gens les attendirent au débarquement près duquel ils étaient partis, où ils ne manquèrent pas de venir, mettant à terre on fit sur eux une décharge, mais la précipitation fut cause que l’on ne les tua pas tous, quelques uns se sauvèrent au travers du bois et avertirent neuf cents de leurs guerriers qui étaient derrière et les avaient envoyés à la découverte ; d’abord ils leur dirent, “ Nous avons été défaits au petit fort au dessous, il y a des