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reste, comme ces deux familles des Moyen et des Macar étaient considérables, le pays reçut en ceci un grand bienfait du Montréal, ces enfants là étant les plus considérables du Canada, ce qui se voit par les alliances, car Mlle. Moyen a épousé un capitaine de condition et de mérite appelé Mr. Dugué, lequel a été épris d’elle par les charmes de sa vertu. Mlle. Macar l’aînée a épousé Mr. Bazile, l’un des plus riches du Canada ; la cadette sa sœur qui est morte avait épousée un brave gentilhomme nommé Mr. de Villiers. En même temps que les Iroquois nous eurent rendu nos prisonniers, nous leur remimes les leurs et nous conclûmes une paix, laquelle a duré un an tout entier ; que si le Montréal a servi en ces paix, pourparlers et trêves, c’est toujours à ses dépens, non-seulement à cause de la vie qu’on y exposait afin d’y obliger les ennemis, mais encore à cause des dépenses qu’il fallait faire pour cela, tant en voyages de Kébecq que présents et autres choses, car dans les premiers temps on était là-bas habile à recevoir et non pas à donner ; s’il fallait faire un présent, c’était à Messieurs du Montréal à le faire, si on en recevait quelqu’un, il ne fallait pas le retenir mais le faire descendre, ainsi on a toujours eu la gloire de servir au pays en toutes manières avec un détachement parfait.

de l’automne 1655 jusqu’à l’automne 1656, au départ des navires du Canada.


Il s’est passé si peu de choses durant cet an entre les Iroquois et nous, qu’il y a peu de choses à donner au public, à ce sujet ; ce qu’on peut dire, c’est que pendant cette année on avance merveilleusement les habitations, car encore que l’on craignit la trahison de ces barbares, néanmoins on savait bien que l’on ne serait pas attaqué si peu que l’on fut sur ses gardes, et qu’ils ne commenceraient jamais à rompre la paix s’ils ne voyaient à faire quelque coup sans se mettre au hazard ; c’est pourquoi, on allait hardiment quand on était un peu en état où l’on eut pas osé paraître avec un grand nombre ; c’est ce qui donnait lieu, pendant ces paix forcées, à faire des découvertes qui servaient pendant les temps de guerres. Ce qui est remarquable en ce chapitre, c’est que les Iroquois ayant toujours la guerre avec les Hotaouads et Hurons, quoiqu’ils fussent en paix avec nous, ils firent un furieux massacre de ces gens au mois d’aout de cette année, où en outre le père Garneau fut tué ici près d’un coup de fusil ; après quoi aussitôt que ce meurtre fut fait au dessus, ce bon pere fut rapporté au Montréal et y mourut peu après. Comme je n’écris l’histoire du Montréal qu’à cause qu’on en