exprimées en ces tenues : « Nous sommes tous morts. » Quand aux estropiés, ils en ont compté le nombre aux Français, leur avouant qu’ils en avaient 37 des leurs parfaitement estropiés ; au reste c’est une chose admirable que ces gens-là aient tant de force à porter, car encore qu’ils ne soient pas bien forts en autre chose, ils ne laissent pas pourtant que de porter aussi pesant qu’un mulet ils s’enfuient avec un mort ou un blessé, comme s’ils n’avaient quasi rien, c’est pourquoi il ne faut pas s’étonner après les combat, s’il se trouve peu de personnes puisqu’ils ont une si grande envie de les emporter. Pour ce qui regarde ce qui nous arriva en cette occasion, je n’y remarque rien de funeste, sinon la mort du brave La Lochetière et la grande blessure du pauvre Laviolette mais il est bien à propos sur ce sujet que je dise un mot de M. Closse qui a été reconnu de tous comme un homme tout de cœur et généreux comme un lion : il était soigneux à faire faire l’exercice de la guerre, était l’ami des braves soldats et l’ennemi juré des poltrons.
Tous ceux qui l’ont bien connu le regrettent et avouent qu’on a perdu en lui une des plus belles fleurs de ce jardin ; que si on avait besoin d’écrire toutes les belles actions qui se sont faites en ce lieu tous les ans, nous lui ferions plusieurs éloges d’autant qu’il était partout, et partout il faisait des merveilles ; mais la négligence alors d’écrire m’oblige à les laisser dans le tombeau aussi bien que celles de plusieurs autres dont les faits héroïques entrepris pour Dieu et sa gloire, seront un jour tirés du sépulcre par un bras moins faible que le mien et une main plus puissante que celle avec laquelle je travaille pour cette histoire ; on ne saurait exprimer les secours de cet excellent major, c’est pourquoi il nous faut passer outre, pour dire que dans la suite de cette année, on eut plusieurs autres attaques, mais que les ennemis n’y eurent pas de grands succès ; on se secourait avec une telle vigueur, qu’aussitôt qu’un coup de fusil s’entendait en quelque lieu, aussitôt on y venait à toutes jambes ; on courait ici aux coups comme à un bon repas ; encore qu’ailleurs on fut moins friand de ces morceaux, de quoi on eut une plaisante marque au printemps, d’autant que M. le Gouverneur ayant envoyé une barque au Montréal, il avertit le commandant de n’approcher pas du château, s’il n’y voyait des marques qu’il y avait encore des Français, s’il n’en voyait pas qu’il s’en revint, crainte que les Iroquois ayant pris le lieu, n’y fussent en embuscade pour les y attendre. Ce qui fut dit fut fidèlement exécuté ; la barque vint proche du Montréal, il est vrai qu’on ne la pouvait pas bien distinguer du château à cause des brumes. Là, ayant mouillé l’ancre, nos Montréalistes qui la voyaient