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sans le bon plaisir de ces messieurs et à condition qu’ils le voulussent bien. Cela dit M. de Puizeaux, qui ôtait trop pressé au dedans de soi-même pour reculer, accepta le tout d’un grand cœur ; d’abord il livra sa maison de Ste. Foy à M. de Maison-Neufve, qui laissa dedans son chirurgien et son charpentier afin d’y construire des barques ; cela fait ils descendirent à Puizeaux où ce bon monsieur lui remit cette maison, qui lors étant le bijou du pays, il se démit de tout ses meubles et bestiaux entre ses mains, se réservant pas même une chambre pour un ami, il se dénua si absolument de tout qu’il dit à feue Madame de la Pelletrie, à laquelle il fournissait le logement auparavant : “Madame ce n’est plus moi qui vous loge car je n’ai plus rien ici, c’est à M. de Maison-Neufve à qui vous en avez présentement l’obligation, car il est le maître de tout.” Chose admirable, M. de Maison-Neufve ne savait que devenir et le voilà bien placé, il faut avouer que le proviseur universel de ce monde a bien trouvé des lieux propres, pour mettre ses serviteurs quand sa sagesse le trouve à propos. Je ne vous dis point si M. de Maisonneufve donna fidèlement les avis de tout ceci à ses associés, s’il les avertit soigneusement de ce coup de la Providence et de l’obligation qu’on avait de recevoir M. de Puizeaux avec tous les témoignages nécessaires de bienveillance, d’autant vous pouvez bien juger qu’il n’y manqua pas, et qu’aussitôt ces messieurs admirent ce donné du ciel en leur compagnie avec toutes les reconnaissances et gratitudes imaginables.


Depuis le départ des vaisseaux du Canada pour la France, dans l’automne de l’année 1641, jusqu’à leur départ du même lieu pour la France, dans l’automne de l’année 1642.


Mademoiselle Mance eut l’honneur de loger pendant cet hiver à Puizeaux avec Mademoiselle de la Pelletrie ; M. de Maisonneuve et M. de Puizeaux hivernèrent aussi dans la même maison. Ils employèrent, tout le monde pendant ce temps-là à la menuiserie et aux autres préparatifs nécessaires et utiles à une nouvelle habitation et colonie. Aussitôt que le printemps fut venu et que tout fut préparé, on fit descendre les bâtiments qu’on avait fait pendant l’hiver, à Ste. Foy et on travailla à rembarquement avec une telle diligence que M. de Maison-Neufve partit de Pizeaux le 8 mai avec deux bargues, une belle pinasse et une gabarre, partie desquels bâtiments avait été faite à Ste. Foy ; M. le chevalier de Montmagny étant un véritable homme de cœur et qui n’avait d’autres intérêts que ceux de son roi et du pays où il avait l’honneur de commander, sachant