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De l’automne 1667 jusqu’à l’automne 1668, au départ des vaisseaux du Canada.


Il faut que nous commencions cette année par cette transmigra tion célèbre qui se fit de Lachine en ces quartiers, en donnant son nom, pendant cet hiver à une de nos côtes d’une façon si authentique qu’il lui est demeuré ; si elle nous avait donné aussi bien des oranges et autres fruits qu’elle nous a donné son nom, [quand nous aurions dû lui laisser nos neiges en la place, ] ce présent serait plus considérable, mais toujours son nom en attendant est-il quelque chose de grand et fort consolant pour ceux qui viendront au Mont Royal, lorsqu’on leur apprendra qu’il n’est qu’à trois lieues de la Chine et qu’ils y pourront demeurer sans sortir de cette isle qui a l’avantage de la renfermer ; mais passons outre et disons que MM. de St. Sulpice sachant que l’océan leur était parfaitement ouvert pour le Canada cette année ; aussitôt il y vint quatre ecclésiastiques de cette maison, savoir : M. l’abbé de Quélus, M. d’Urfé, M. Dalleck et M. Gallinée, lesquels y arrivèrent tous quatre cet automne à la grande satisfaction d’un chacun, M. de Fénélon et M. Trouvé, prêtres demeurant en ce lieu, sachant que M. de Quélus était arrivé pour supérieur de cette maison, ils s’offrirent aussitôt à lui pour commencer une mission de la part du séminaire de St. Sulpice dans le pays des Iroquois qui sont au nord du lac Ontario lesquels les étaient venus demander ; une telle proposition si belle d’abord à M. l’abbé de Quélus qu’il témoigna l’avoir très-agréable pourvu que Mgr. l’Évêque en accorda la permission, ce qui étant octroyé par ce digne prélat, ces deux missionnaires partirent d’abord pour entreprendre cet ouvrage qui a toujours subsisté depuis et à qui Dieu j’espère donnera la persévérence, mais disons un mot des troupes qui partirent cette année ici pour s’en aller en France, car après avoir été ici trois ans contre les Iroquois, ils s’en retournèrent une partie chargés de leurs dépouilles que depuis ils ont changé en bons louis d’or et d’argent, lesquels n’ont pas la puanteur de pelletries, transmutation que M. de Maisonneufve n’avait pu apprendre, il est vrai que ce secret n’est pas avantageux pour la colonie qui demandait que la substance du pays fut employée à avancer les travaux du pays, mais ils se sont moins mis en peine de son établissement que notre ancien gouverneur, Dieu veuille que la leçon qu’ils ont laissé à la postérité se puisse bien oublier car autrement, on verrait ici la dernière misère, n’étant pas possible que des gens vivent ici sans avoir de quoi acheter aucuns ferrements ni outils, sans avoir de quoi acheter ni linge ni étoffe, ni