Moi, j’n’ai plus une goutte de sang dans les veines !…… Brrrrrrou !…
Que faire ?… où nous cacher ?… Le v’là ! Le v’là !
Bastien !… Bastien !… J’sais pus où aller… j’pers la tête.
Vite !… Vite… petit frère… grimpons à l’arbre, cachons-nous dans les branches.
C’est ça !… c’est ça… Vite à l’arbre !
Mon Dieu !… Il n’est plus temps !… Tiens, viens… petit frère !…
Mais viens donc, viens donc, Lucas, tu es perdu !
Je n’ai plus de jambes !… Le voilà !… c’est fait de moi !… (se ravisant) Ah !… on m’a dit qu’un ours ne touchait jamais un cadavre, faisons le mort (il se jette à genoux).
Mon Dieu ! prenez pitié d’un pauvre enfant ! sauvez moi !
(Il se courbe, reste immobile, l’ours entre sur le théâtre, le parcourt en grognant ; il fait le tour de l’arbre, enfin s’approche de Lucas, le tourne et retourne en hurlant ; après quelques instants il fait encore le tour du théâtre et sort.)