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Eh bien ! C’est comme ça qu’on fait ses affaires, on travaille, on gagne de l’argent, on ménage et on vit comme les autres, surtout quand la femme est maîtresse, car ne me parlez pas de ces femmes qui se laissent marcher sur le pied par leurs maris ?… Pouah !… Je n’en suis pas ; Nous portons le jupon, mais il faut montrer aussi que nous savons porter la culotte… J’ai accoutumé Lefèvre comme ça et ma foi, il n’en est pas plus à plaindre !… Ah ! voilà le journal de ce matin, voyons donc un peu ce qu’il nous chante ce matin ; car, ma parole, ces journalistes me font suer parfois avec leurs articles qui ne sont pour la plupart qu’un tas de menteries (elle lit) Heu ! heu ! heu !… « faits divers » Un homme du faut-bourg saint Marceau a été condamné par le tribunal de la police correctionnelle à deux mois d’emprisonnement pour avoir battu sa femme… Oh ! le monstre !… Oh ! le brigand, Deux mois !… Deux mois !… C’est-y pas abominable !… Deux mois !… Mais c’était de le pendre, le gueusard, qu’il fallait faire. En v’là une justice !… Ah ! j’vous dis ben, qu’ pour la trouver c’te justice là, il en faudrait une fameuse lanterne… (elle lit) Heu !… Heu !… « Entreprise… » bouth ! Encore une blague pour embêter c’pauvre monde !… Ah ! mon Dieu !… Ah ! mon Dieu !… C’est y Dieu possible !… Mais… non… Mais… oui… Mais… j’me trompe pas !… Ah ben !… Ah ben !… (elle lit) La seconde lecture sur la loi du divorce a été faite et a été acclamée par les membres de la gauche, on espère que cette loi sera sanctionnée !… Ah ! brigands !… Ah ! coquins d’ministres !… Tas d’paltoquets !… Ça s’irait y ben vrai, qu’ils auraient c’t’infamie d’passer une loi aussi barbare ! Criminelle ! Bête ! Stupide ! horrible comme celle-là ! Ah ! les malheureux !… Y z’en sont ben capables, car, dans le siècle où nous sommes y a pus d’mœurs !… Pus rien !… Ah ! ben, c’est pour le coup, qu’mon mauvais sujet d’Guillaume, mon neveu va être content, lui, maître entrepreneur qui aurait été si heureux avec sa femme, ma pauvre nièce Thérèse… Mais, le renégat, il passe ses nuits et ses jours au cabaret !… Ah ! Ciel de Dieu !… Quel siècle ! Quel siècle ! Ah ! mais un instant… nous sommes là !… Écoutez, mes chères petites Dames, si vous voulez m’en croire, on se rendra à la chambre de ces paltoquets de ministres, on leur z’y dira : Vous êtes un tas de chenapans, remettez votre diable de loi dans votre poche et