Eh ben ! il est venu jusqu’ici… il parlait de ses 57 sous et puis M. Guillaume se trouvait là et…
Tu dis… Guillaume… J’ai peur… parle vite, Rémi, après, après.
Diable comme vous serrez, fort !… Eh bien, après l’bourgeois y a parlé, M. Lefèvre y a répondu… enfin l’bourgeois l’a invité à boire un verre de vin, M. L’fèvre s’est défendu un p’tit peu… Mais vous connaissez l’bourgeois, j’crois qu’y pourrait débaucher un ange, il l’a si ben emberlificoté que l’bonhomme est tombé dans l’panneau et y sont partis tous les deux.
Ah ! le malheureux ! ah ! le vieux scélérat ! Après tout ce que je lui avais dit, tout ce que je lui avais recommandé, me jouer un tour pareil !… Dire, mon p’tit Rémi qu’y m’avait juré ses grands Dieux qu’il n’écouterait pas Guillaume et me tromper ainsi !… Ah ! vieux grigou, j’vas t’en chanter une gamme !… Mais où peut-il être ? Quand va-t-il revenir ? Mon Dieu ! Ce mauvais garnement de Guillaume va me le perdre ! Oh ! il est perdu !… mon pauvre Lefèvre, lui qu’était si docile à mes avis, c’était doux comme un mouton, y n’aurait pas été prendre sa demi tasse sans ma permission et encore sur les cinq morceaux de sucre qu’on lui servait, il m’en gardait toujours trois dans la poche de son gilet !… Ah le brigand de Guillaume, c’est un monstre, il ne mérite pas la corde pour le pendre… Mais, voyons donc, Rémi, tu es là à me regarder les bras croisés, la bouche ouverte… mais va donc, Rémi, va donc, va me chercher mon mari, mon pauvre Lefèvre, ou bien, il est perdu ! Rémi, mon p’tit Rémi, va, marche, cours, trouve-le, ramène-le moi…