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Lefuté.

C’est donc pour aujourd’hui, sergent ?

Lavaleur.

Oui, mon brave, voyez-vous, la France a besoin de soldats pour en finir avec Sébastopol et on veut que ça marche rondement.

Lefuté.

On dit que Pélissier est un fameux général.

Lavaleur.

J’crois bien, mille baïonnettes ! Je vous promets qu’c’est un lapin qui n’a pas froid aux yeux et qu’il sait tailler des croupières aux Russes !

Robert (avec feu).

Ah morbleu ! Il me tarde d’y être, moi ! Je suis fier d’étre tombé au sort et de partir pour la Crimée !… Ah ! j’vous dis que je ne reculerai pas.

Lavaleur.

Bravo !… Bravo !… Allons, si tous étaient comme toi, la France serait bien défendue.

Robert.

Oui, sergent, car je l’aime, moi, et mon premier comme mon dernier cri sera : Vive la France !

Lavaleur.

Oui, mon ami, tu as raison, aime la France, car la France… vois-tu, la France !… c’est la France !… et il n’y en a qu’une.

Julien.

Moi aussi, sergent, j’aime la France, mais je préfère rester au pays que d’être soldat.

Lavaleur.

Qu’est-ce que c’est qu’un blanc-bec comme ça ?… Ma foi, tu ne ferais pas mon affaire ; car à t’entendre, je crois que tu ne serais jamais qu’un mauvais soldat. Tu as peur ?…