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qu’vous m’disiez, dans c’beau régiment… qu’vous appeliez… les… les… zougabes ?

Lefuté (fort).

Zouaves !… donc, imbécile.

Criquet.

Zoubabes… zougaves… ça fait rien, ça… ça rime toujours.

Lefuté.

Robert est dans ce beau corps ainsi que Julien, ils sont tous deux décorés de la croix d’honneur. Tiens, je vais te lire la lettre qu’ils m’écrivent. (Il tire la lettre de sa poche et lit).


« Cher M. Lefuté ;

« Nous avons quitter la Russie, nous sommes en ce moment à Paris, mais, encore quelques semaines et nous allons prendre la route de notre cher village de Blancourt ; il nous tarde de revoir tous les amis et Julien se fait une fête d’embrasser sa vieille mère. Nous sommes, comme vous l’avez sans doute appris par les bulletins de l’année, sous-officiers et décorés. Je sais que tous partagent notre bonheur d’avoir fait notre devoir. Allons, allons, au revoir, nous serons bientôt près de vous.

« Vos bons amis,
« Robert et Julien ».

Aussi, comme nous sommes aujourd’hui jeudi, je les attends de jour en jour.

Criquet.

Ah ben, j’dis qu’ça va en faire une fête c’jour-là !… Dieu ! On va-t’y s’en donner, on va-t’y chanter… et dire, parrain, qu’si j’avais parti j’s’rais p’t’être ben comme eux à présent.

Lefuté.

Ah ! oui, parlons-en un peu… Un gaillard qui beuglait comme un veau.