Quoi ?… Que me dites-vous, M. Lefuté ?… Moi quitter ma pauvre mère !… ô mon Dieu !
Écoute donc, mon p’tit Julien… laisse-moi finir… Si tu veux consentir à remplacer mon filleul Criquet, non-seulement je te fais remise des huit cents francs, mais encore je me charge d’avoir le plus grand soin de ta mère.
Ma mère !… ma mère !… mais vous n’y pensez pas ! Vous ne savez dont pas que demain, lorsqu’elle appellera son Julien, son fils, et qu’on lui dira : « Il est parti, il est soldat !… » la pauvre mère en mourra de douleur !… Oh ! par pitié, M. Lefuté, n’exigez pas de moi ce sacrifice !
Julien, mon ami, tous ne sont pas tués à la guerre… tu reviendras… j’en suis sûr… sois sans crainte pour la mère… rien ne lui manquera et je m’engage à lui faire, outre son entretien, une rente de 200 francs. — Voyons !… voyons !… voyons !… Julien…
Mon Dieu ! mon Dieu… Je ne puis me résoudre, malgré toutes vos promesses, à abandonner ma mère !… Et cependant…
Julien !… Julien !… C’est ton bonheur, tu le verras… Julien… encore une fois… ta mère ne manquera de rien !… Je t’en fais la promesse solennelle et sacrée !… allons !… (On entend le rappel). Entends-tu ? voilà le rappel… Julien… décide-toi !
Ma mère !… ma pauvre mère !… Ô mon Dieu ! acceptez mon sacrifice et conservez-moi ma mère !…