Page:Doin - Le Pacha trompé ou les Deux ours, 1878.djvu/10

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 9 —

Tristapatte.

Non, mais je ne peux pas entrer dans un endroit où il y a des esclaves, sans penser que peut-être mon pauvre Victor… je l’aimais tant…

Lagingeole.

Il est vrai que nous l’aimions bien, ce cher enfant, il était si beau, si doux et surtout instruit… ah !…

Tristapatte.

Aussi c’est ta faute.

Lagingeole.

Comment, ma faute ?

Tristapatte.

Sans doute, tu me faisais un tas d’histoires pour le faire partir ; si je ne t’avais pas écouté, il ne serait pas parti en avant… et quand j’ai lu sur le papier que le bâtiment où était Victor avait fait naufrage sur les côtes d’Afrique… que peut-être des corsaires… ah ! maudits corsaires !… Enfin sans toi nous serions encore ensemble.

Lagingeole.

C’est vrai, mais aussi ; que diable, pourquoi te lamenter ainsi depuis trois années, moi je te dis que nous reverrons Victor, qu’il est peut-être plus heureux que nous… Du reste, cette affaire-là me fait autant de peine qu’à toi.

Tristapatte.

Oh non !

Lagingeole.

Oh si !

Tristapatte.

Je sais bien comment j’aimais mon neveu.

Lagingeole.

Je te dis que je l’aimais aussi… mais tiens ne songeons maintenant qu’à notre fortune.