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JOURS DE FÊTE


Je me rappelle surtout les transes de la faim, les jours de fête. Mon père, qui s’était mis à boire, s’enivrait alors dès le matin avec les premiers pourboires qu’on lui donnait, et était, le reste du jour, incapable de conduire son fiacre. Or, c’étaient ces, pourboires qui nous faisaient végéter. Il y avait donc, ces jours-là, un redoublement de misère.

Ma mère cependant nous attifait le mieux qu’elle pouvait pour la fête, et, avec le plus petit enfant sur ses bras, nous allions faire un tour, humer les bonnes odeurs de mangeaille.

Les femmes, sur le seuil des portes, attendaient la famille et les invités. Ma mère s’arrêtait à causer là où cela sentait bon le café et les