— Douze ans.
— As-tu un pantalon ?
— Non.
— Alors lève ta robe, et montre-moi tes jambes.
Je n’étais plus assez petite pour ne pas sentir un danger : j’appelai ma mère, qui me cria du bas de l’escalier de ne pas faire tant de bruit, que nous n’étions pas chez nous. L’homme ne se déconcerta point. Il dit à ma mère, quand elle rentra :
— Madame, vous avez de beaux enfants, et cette fillette, dans quelques années, sera très jolie.
— Oui, mes enfants sont très jolis, fit-elle avec orgueil. Nous sommes venus de la campagne ; notre appartement n’est pas prêt : voilà pourquoi nous logeons ici.
L’homme alla se mettre au lit. S’il était sorti, j’aurais raconté la chose à ma mère, mais maintenant je n’osais pas.
Nous couchâmes les enfants. Arriva un pêcheur pour le dernier lit. Il nous regarda ahuri, puis bougonna :
— Ça va être gai avec cette marmaille !
Heureusement un paravent nous isolait quelque peu. Je me couchai. Ah ! par exemple !