Page:Doff - Jours de famine et de détresse, 1943.djvu/81

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

il y a tous les jours de tout. Ici, je vois toujours neuf boulettes sur le feu.

Le mari entra pour dîner, ainsi que la fille aînée qui apprenait les modes : tous deux me firent bon accueil. Alors Mademoiselle Rendel alla dans le jardin, se fit donner, par le boulanger d’à côté, un pain noir par-dessus le mur, et me le remit en disant :

— Keetje, tu as encore à aller loin. Va, ma petite, et bien des compliments à ta mère.

Tous me conduisirent aimablement jusqu’à la porte ; la fille aînée me chargea encore de compliments, et je m’en retournai à l’autre bout d’Amsterdam, chargée de mes deux kilos de pain noir, pas enveloppés.

La neige tombait drue. Quand j’arrivai dans notre impasse, toutes les femmes étaient en émoi : en rentrant chez nous, je fus surprise par les vagissements d’un nouveau-né.