se reposer, comme il y serait bien, appuyé contre le dossier, une chaufferette aux pieds pour sécher ses bas ! Car il souffre beaucoup, père, quand, par ce temps, il doit nettoyer les voitures en plein air : ses mains sont gonflées comme des pelotes, et de grandes crevasses le torturent la nuit, au point de l’empêcher de dormir. Il pourrait me tenir sur ses genoux en fumant sa pipe. Le crachoir serait inutile, puisqu’il ne chique pas.
Mes regards, continuant à errer, rencontraient l’alcôve cloisonnée, orange comme le plafond, garnie de rideaux en indienne lilas, écartés au moyen de rubans : on voyait les literies recouvertes de taies et de draps, à petits carreaux rouges et blancs. Sous le haut manteau de cheminée, bordé d’un volant à fleurs, avançait un long poêle orné de cuivre, portant une bouilloire en bronze ; tout à côté, le seau à braise en cuivre jaune et rouge.
Mademoiselle Smeders passait sa vie à frotter, astiquer, et faire reluire tout cela à outrance. L’odeur de la térébenthine et de l’alcool, qui lui servaient à délayer la cire et autres ingrédients à faire briller, imprégnait la chambre. Tout cela m’intimidait ; j’aurais néanmoins voulu vivre dans cette joliesse et dans cet ordre, mais alors il faudrait changer de mère, et ne plus avoir