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Quand la pluie vint, et même la neige, je me réfugiais aux latrines qui se trouvaient sous beaucoup de ponts d’Amsterdam.

Je devins bientôt une des premières du catéchisme et, quand le vieux curé voulait en avoir plus vite fini, il me choisissait souvent pour l’aider à interroger. Un jour, il me chargea de faire répéter quatre fillettes. Parmi elles était une métis indienne, du grand monde (les jours de pluie, elle arrivait en équipage). Elle me regarda avec une telle aversion que j’en restai tout interloquée. « Comment ! parlait son regard, cette pouilleuse va m’interroger, moi ! » Mais il fallait bien qu’elle obéît : le curé l’avait ordonné. Elle m répondait à voix si basse que je la comprenais à peine. Cependant, pour me faire bien venir d’elle, je lui dis :

— C’est parfait, jeune Demoiselle, je dirai à Monsieur le Curé que vous savez très bien votre leçon.

Elle retroussa ses lèvres de négresse et fit : « Pheu… », d’un air si dédaigneux que j’en bafouillai pour de bon.

Cet hiver-là, nous fûmes expulsés de notre impasse, et j’aurais dû suivre le catéchisme à l’église de notre nouvelle paroisse. Mais je voulais avoir l’image de Saint qu’on recevait au