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une marche avec mon jupon et me mis à apprendre par cœur les questions et les réponses. Cela allait tout seul : moi qui me croyais incapable d’apprendre, je retenais, en les répétant deux ou trois fois, des réponses de six ou sept lignes ; j’étais sauvée.

La première fois que je me représentai au catéchisme, le vieux curé interrogea toutes les petites filles, excepté moi. Je finis par lever timidement le doigt, en disant :

— Vous m’oubliez, Monsieur le Curé.

— Non, mais tu ne sais jamais.

— Aujourd’hui je sais, Monsieur le Curé.

— Eh bien ! viens ici.

Je débitai ma leçon d’un trait. Quand j’eus fini, il me leva la tête sous le menton.

— Tu sais même très bien ta leçon, fit-il ; comment as-tu fait ?

— Je ne pouvais jamais l’apprendre chez nous à cause du bruit, et parce qu’on ne me laissait pas tranquille. Maintenant je vais sur un perron : là, je suis seule et à l’aise.

— Sur un perron ? tu apprends ta leçon sur un perron ! et quand il pleut ?

— Il n’a pas encore plu.

Il hocha la tête.