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LA SOUPE AUX POIS


Ma mère avait reçu quatre cartes pour quatre portions de soupe aux pois. Il fallait aller la chercher. Nous nettoyâmes le mieux possible notre unique petit seau en bois, qui servait à tous usages. Et, avec un plat blanc comme couvercle, cela nous semblait convenable.

Nous n’étions jamais allés chercher de soupe. Ma mère était fort gênée de ce seau, qui indiquait clairement où nous nous rendions. Les gamins criaient après nous : « Snert emmer, Snert emmer ! »[1] Aussi, pour éviter une grande artère très fréquentée, fit-elle un long détour par les ruelles à bouges pour matelots.

  1. Snert : Soupe aux pois. — Emmer : Seau.