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naux, et dont une ferrure, martelée et ciselée ainsi que de l’orfèvrerie, grillageait la large imposte. Les vieux arbres qui se reflétaient dans l’eau et les barques qui y glissaient comme sur de l’huile, me donnaient une sensation de paix que plus jamais, dans aucun pays, je n’ai retrouvée.

Je choisissais une marche du perron et vidais mon sac : je disposais mes morceaux de faïence tout autour de la marche, comme des plats sur un dressoir, et asseyais ma poupée au milieu. Tout en jouant, mon esprit se délectait dans des rêves qui se passaient à l’intérieur de la maison. J’y habitais en compagnie des personnages des contes de Perrault. J’avais des salles remplies de poupées de toute grandeur, habillées comme les princesses des images d’Épinal : elles étaient coiffées de vraies chevelures, avaient des yeux qui s’ouvraient et se fermaient, et elles disaient « Papa » et « Maman ».

Ou je naviguais sur les canaux dans une barque bleue, dont la voilure était de toile orange.

Quand je me rêvais la Belle au Bois dormant, le bois m’embarrassait fort parce que je n’en avais jamais vu. Aussi me faisais-je dormir dans ma barque bleu ciel : elle serait venue à la dérive d’une île du Zuiderzee, par tous les méan-